Ecran somnambule - Solo de Latifa Laâbissi

Ecran somnambule - Solo de Latifa Laâbissi

-

Partage

mar. 14 juin 2022 — 20h

CCN - Ballet de Lorraine

-

À partir du film Mary Wigman tanzt (1930), extrait La Danse de la sorcière (Hexentanz, 1926) 

Production : Figure Project

Conception et interprétation
Latifa Laâbissi
Conception de la figure
Nadia Lauro
Lumière
Yannick Fouassier
Création son
Olivier Renouf d’après l’interprétation instrumentale de H-B Lesguillier (d’après la musique de H. Hasting et W. Goetze)
Direction technique
Ludovic Rivière
Conception et interprétation
Latifa Laâbissi
Conception de la figure
Nadia Lauro
Lumière
Yannick Fouassier
Création son
Olivier Renouf d’après l’interprétation instrumentale de H-B Lesguillier (d’après la musique de H. Hasting et W. Goetze)
Direction technique
Ludovic Rivière

mar. 14 juin 2022 — 20h

Partage

Un bloc compact au milieu de l’espace nu. Un visage, impassible et grimaçant. Une sculpture immobile, mais qui semble pourtant bouger, s’étirer, se contracter, tendre sa matière jusqu’à la limite d’elle-même. S’agit-il d’une apparition ? D’une reproduction ? D’un cas de possession ? D’un rêve ou d’une projection ? En choisissant de danser, aujourd’hui, au ralenti, La Danse de la sorcière de Mary Wigman, Latifa Laâbissi nous place en face d’un mirage, déréglant le statut de cet objet « historique » et brouillant les pistes d’interprétation. Pièce majeure de l’expressionnisme allemand, La Danse de la sorcière a laissé derrière elle une trace incomplète, qui continue de hanter l’inconscient de la danse à la manière d’un mauvais rêve : un film de 1'40", datant de 1926, qui montre Mary Wigman au bord de la transe, les membres comme électrifiés, réagissant aux rythmes sourds des percussions. Cette esthétique du contraste, de la rupture abrupte, où le corps devient le traducteur d’états contradictoires, comment en restituer le potentiel perturbateur sans la momifier ? Ne reproduisant que ce que montrent les images du film, Latifa Laâbissi se glisse dans le corps de la sorcière, et plonge la scène dans un état hypnotique où chaque mouvement dévoile sa lente construction. Opération proprement cinématographique – le ralenti dévoile une autre écriture à la surface du même : elle introduit une distance vis-à-vis de l’original tout en redonnant son relief, son état d’extrême tension à cette figure inquiétante. Incarnation d’un film ou reproduction d’un corps ? À la fois matériau et archive, sorcière et spectre, présence et médium, cette silhouette discordante produit une série d’écarts – aussi bien perceptifs qu’historiques – amenant à repenser le rapport de la danse à sa reproduction, à son histoire, à ses zones de refoulement. Écran somnambule : une surface de projection où viennent se déposer formes et références, monstres intérieurs et fragments de réel – dans un va-et-vient constant entre passé et présent, désenvoûtement et réactivation.

Gilles Amalvi


Durée : 32 minutes


Hors d’œuvre

Le CCN - Ballet de Lorraine vous invite à découvrir le travail de plusieurs chorégraphes invités à créer avec la compagnie cette saison. Ces spectacles plus intimistes, donnés dans nos studios de la rue Bazin, vous permettront de découvrir leur univers. Comme un petit pas de côté, en guise de mise en bouche.

Tarif plein : 15€ / tarif réduit : 10€ (nombre de places limité - réservation conseillée)

-

Latifa Laâbissi

Mêlant les genres, réfléchissant et redéfinissant les formats, le travail de Latifa Laâbissi fait entrer sur scène un hors-champ multiple ; un paysage anthropologique où se découpent des histoires, des figures et des voix. 

La mise en jeu de la voix et du visage comme véhicule d’états et d’accents minoritaires devient indissociable de l’acte dansé dans Self portrait camouflage (2006), Histoire par celui qui la raconte (2008) et Loredreamsong (2010). Après Phasmes (2001), pièce hantée par les fantômes de Dore Hoyer, Valeska Gert et Mary Wigman, elle revient sur la danse allemande des années 1920 avec le diptyque Ecran somnambule et La part du rite (2012). Poursuivant sa réflexion autour de l’archive, elle imagine Autoarchive (2013), une forme performative portant sur les enjeux et les filiations de son propre travail. Dans Adieu et merci (2013), elle continue à creuser dans l’inconscient de la danse. Sa dernière création, Pourvu qu’on ait l’ivresse (2016), co-signée avec la scénographe Nadia Lauro, produit des visions, des paysages, des images où se côtoient l’excès, le monstrueux, le beau, l’aléatoire, le comique, l’effroi ... En 2016, une monographie sur l’ensemble de son travail est parue (co-édition les Laboratoires d’Aubervilliers et Les Presses du Réel). 

Latifa Laâbissi est artiste associée au Triangle – Scène conventionnée danse à Rennes et au CCN2 Centre chorégraphique national de Grenoble sous la direction de Rachid Ouramdane et Yoann Bourgeois.