Répétition publique - cie l'Expérience Harmaat (Accueil-studio)

Répétition publique - cie l'Expérience Harmaat (Accueil-studio)

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Thu. 20 June 2024 — 19h

CCN - Ballet de Lorraine

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Chorégraphie
Fabrice Lambert
Chorégraphie
Fabrice Lambert

Thu. 20 June 2024 — 19h

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Jeudi 20 juin 2024 à 19h au CCN - Ballet de Lorraine

Renverse

Au départ, ce projet s’inspire de l’observation par les scientifiques pendant plusieurs décennies des circulations océaniques mondiales : elles sont le pilier de l’équilibre écologique de la Terre. Puis il y a l’actualité : c’est le 5 aout 2021 que la revue « Nature » publie les conclusions de ces scientifiques qui confirment un ralentissement évident du régime des courants océaniques. L’énorme apport d’eau non saline dû à la fonte des glaciers vient perturber ce cycle mondial car l’AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation), 20 millions de mètres cubes par seconde, circule grâce à l’énergie entre le salin et le non salin, le chaud et le froid, la profondeur et la superficialité… 

Les questions sont importantes : Avec ce ralentissement, comment les océans continueront à avaler le CO2 que nous produisons ? Comment l’AMOC peut continuer son rôle de régulateur des climats ? Quelles seront les conséquences sur les incroyables formes de vie et d’organismes que nous ne connaissons pas encore qui vivent dans ces océans ? 

Mon désir pour cette pièce est de créer un mouvement perpétuel : une circulation potentiellement infinie – mais capable de se renverser à tout moment. Toute la question chorégraphique consiste à organiser ces flux dans l’espace. Il s’agit de transformer le plateau de manière à faire sentir différents niveaux de profondeur – des zones chaudes et des zones froides, des zones enfouies et des surfaces. Et il s’agit de tordre la temporalité afin de produire différents niveaux d’écoulement du temps. Tous ces éléments constituent une sorte de cartographie du plateau : à partir de là, il est possible d’approfondir le travail du lien entre les corps : les impulsions, ce qui pousse, ce qui fait plonger, remonter, ce qui tire en arrière. J’aimerais que ce qui se passe dans les corps puisse être perçu de manière hypnotique tout autant qu’incontrôlable. 

L’AMOC est un continuum que j’aimerais jouer sur l’échelle du temps. En ralentissant le temps, en le découpant, il s’agira de redonner un rythme à cette continuité. D’un point de vue dramaturgique, je commencerai par identifier des arrêts pour les lancer dans un mouvement en les réorganisant. Cette réorganisation permettra d’ouvrir un espace de compréhension – une zone où ressentir que l’équation humanité/nature est possible. Je n’ai pas envie de rester dans un rapport hypnotique à ce continuum. J’ai besoin de produire du dialogue, des télescopages, des rythmes divergents, des champs et des contre-champ. 

L’AMOC n’est pas un phénomène homogène, c’est un système complexe, qui comprend d’importantes variations saisonnières et interannuelles. J’aimerais, au niveau chorégraphique, m’approcher au plus près de cette complexité.

Je travaille avec les danseurs sur une énergie commune, et non sur des éléments psychologiques ou narratifs. Quand je pars d’un fait concret (l’AMOC), je ne suis pas dans le récit, je me sers plutôt de ses éléments pour les convertir en énergie physique, en concept gestuel spatial ou temporel, de manière à créer un mouvement tonal commun et partagé. (…) 

De la nécessité de travailler avec 8 danseurs Le nombre 8 est aussi, si on le couche, le signe de l’infini. Ce signe est pour moi un point de départ de cette circulation, de ce mouvement perpétuel. Les danseurs seront engagés dans le parcours de ce huit de l’infini posé au plateau et ce déplacement sera répété, agissant comme une boucle infinie que seul le temps modifiera. Puis au fur et à mesure les danseurs se retrouveront à circuler ensemble, en groupe sur ce parcours et profitant du contact des corps, tantôt tirés, tantôt enlacés, tantôt portés, aspirés, poussés, attirés ou projetés… Ils reconfigureront dans le trajet de cet espace différentes formes d’images de pouvoirs, de potentiels et de vie en perpétuelle mutation. Ils construiront ainsi physiquement une solidarité et une force qui devra nous faire ressentir un besoin vital de ressources organiques afin de se réapproprier notre monde à la mesure de sa grandeur, appréhendant des formes de vie jusque là encore jamais imaginées. A l’échelle de la danse contemporaine, une constellation de huit danseurs commence à faire masse, à faire humanité. Il s’agit de retrouver la capacité à déployer la force d’un ensemble, à densifier 


Les répétitions publiques permettent d’entrer dans l’intimité du travail entre un chorégraphe et ses danseurs. Interactives, elles s’accompagnent d’échanges avec les spectateurs.

Durée : 1 heure

Gratuit - réservation conseillée
Informations et réservations auprès de la billetterie : balletdelorraine.mapado.com / billetterie@ballet-de-lorraine.eu / T. 03 83 85 69 08
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Fabrice Lambert

Après une formation au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, Fabrice Lambert fonde L’Expérience Harmaat en 1996, avec Juha-Pekka Marsalo. Ils créent ensemble Ethogrammes et Etude pour 4 mouvements (1997). Il est ensuite interprète au sein du collectif Kubilai Khan Investigations, de la compagnie Carolyn Carlson, et avec Catherine Diverrès, au Centre Chorégraphique National de Rennes pendant plusieurs années. Plus récemment, il a travaillé avec François Verret, Emmanuelle Huynh et Rachid Ouramdane. 

Depuis 2000, il structure et assure la direction artistique de L’Expérience Harmaat, au sein de laquelle il poursuit son travail de recherche et de création. Celle-ci se définit comme un lieu de croisements, qui rassemble autour des projets du chorégraphe, des créateurs de différentes disciplines. Leur point commun est de questionner, chacun dans son champ, les notions de phénomène et de mouvement. 

Artistes plasticiens, vidéastes, ingénieurs et danseurs, participent ainsi à la création de nombreuses pièces : No body, never mind et TOPO (2001) sont deux volets d’une recherche sur la perception du corps et son détournement par l’image. Le rêve (2002) permet de capter l’essence de ce questionnement par la confrontation d’un film et d’un solo sous forme de dialogue utilisant une même matière : le corps de l’interprète. Play Mobile (2003) explore les frontières de ce même corps dans un dispositif sonore enveloppant, espace clos qui le confronte à ses limites. Imposture (2004) est une pièce pour deux interprètes et un vidéaste reprenant une idée de Paul Virilio sur l’accident intégral. Suivent Fréderic Lambert (2004 - commande SACD / Le Sujet à Vif), Abécédaire (2005), meutes (2006), Gravité (2007), D’Eux (2008), Virga (2009 - commande SACD / Le Vif du Sujet), Solaire (2010), Rites of Memory (2011 commande de Ahn Aesoon Dance/Corée) et Faux Mouvement (2012). La création qui suit, Nervures, est une collaboration avec l’artiste visuel Xavier Veilhan, et est créée en novembre 2013 au Centre national de la danse, puis reprise en janvier 2014 au Théâtre de la Ville - Paris, qui accueille régulièrement ses créations depuis 2012. Jamais Assez, pièce pour 10 danseurs, est créée en juillet 2015 au Festival d’Avignon, puis présentée notamment au Centre Pompidou - Paris, et au Festival TransAmériques - Montréal. (…) 

Aujourd’hui, Sauvage, pièce pour 7 danseurs et 1 musicien, est créée en septembre 2018, à la Biennale de la danse de Lyon, puis présentée notamment au Centre Pompidou - Paris. Seconde Nature, quatuor en collaboration avec Jacques Perconte est créée en 2020 au Théâtre de la Ville - Paris. EPURRS, duo avec Wolf et Cyborg, est créée à l’automne 2021 à la Maison de la musique de Nanterre puis au Centre des Bords de Marne. Fabrice Lambert a été artiste en résidence au Centre National de la Danse, à Pantin de 2012 à 2015, puis associé à la Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale, de 2016 à 2018. Il l’est à la Maison de la Musique de Nanterre, à partir de la saison 2018/2019 jusqu’en 2022. Il est également artiste associé du Centre des Bords de Marne - scène conventionnée du Perreux-sur-Marne depuis 2020.